Toute une histoire

 

Au vin sont associées le partage, la convivialité, l'échange, le bonheur, la joie de vivre, et tant d'autres valeurs positives.

Lorsque l'on est vigneron, c'est aussi à travers les vins que l'on élabore que l'on souhaite s'exprimer et échanger avec ceux qui les apprécient et sans qui nous n'existerions pas.

 

"  En 1965, j'ai pris la suite de mon père Joseph sur le domaine familial. La région était majoritairement orientée vers la production de vins de masse. Toutefois, avec quelques vignerons persuadés du potentiel de nos terroirs, nous œuvrions pour l'amélioration qualitative et la reconnaissance de nos produits. Le Minervois était déjà depuis 1936 reconnu VDQS (Vin Délimité de Qualité Supérieure).

Lors de la vinification du millésime 1968, je réalise ma première vinification en macération carbonique. Jean-Henri DUBERNET, oenologue-conseil, nouvellement arrivé dans la région et fondateur du laboratoire éponyme en fut l'initiateur. Quelle révélation ! Grâce à cette technique, le Carignan a perdu sa rusticité, les tannins sont plus enrobés, le gain aromatique est indéniable.

 

La quête qualitative se poursuit dans les années 70, la compréhension des terroirs est meilleure. Les expérimentations techniques de cépages préconisent l'implantation de Mourvèdre sur notre secteur du Minervois, le plus proche de la méditerranée, le sol et le climat lui étant particulièrement favorables. Ce cépage d'origine espagnole était présent ici par le passé, ma mère née en 1899 se rappelait l'avoir connu. Inadapté à la production de vin de masse, il a été abandonné. Il était temps de le faire revivre.

 

Une visite en Bandol, où le Mourvèdre est le cépage roi, et après quelques échanges techniques avec des vignerons de cette appellation, je suis convaincu d'en planter. C'est chose faite en 1984. Deux années plus tard, en 1986, le Minervois est reconnu Appellation d'Origine Contrôlée, le Mourvèdre fait partie des cépages du décret d'appellation.

 

L'apprentissage fut difficile. Cépage capricieux, exigeant, fougueux, dans se jeunesse, il ne tolère aucune erreur, il est indispensable d'être à son service. La macération carbonique est pratiquée depuis 20 ans au domaine lorsqu'il entre en production, elle lui va à ravir.

 

Que de travail mais quel bonheur de déguster un Mourvèdre pur exprimant pleinement son potentiel !

 

Pierre Fil "